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Channel: Observatoire de la vie politique turque » Gülten Kışanak
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Processus de règlement de la question kurde : les principaux protagonistes affichent leur détermination

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kurde déterminationLorsqu’une initiative politique est encore fragile, rien de tel que d’afficher sa détermination et sa conviction pour lui donner corps. C’est ce à quoi s’emploient actuellement l’AKP et le BDP qui sont les principaux protagonistes d’un règlement de la question kurde qu’ils s’accordent désormais à appeler «processus de paix». Après la publication surprise, la semaine dernière, par le quotidien Milliyet d’extraits de l’entretien qu’ont eu, avec Abdullah Öcalan, 3 députés du BDP, le 23 février 2013, tendant à accréditer l’idée d’une sorte marchandage entre le leader du PKK et le gouvernement pour parvenir à une fin des combats (cf. notre édition du 2 mars 2013), les responsables politiques des deux bords n’ont cessé d’affirmer, au cours du week-end, que cette nouvelle péripétie n’affecterait en rien le processus en cours.

Commentant la situation, au cours d’une réunion de son parti à Bursa, le 2 mars, le vice-premier ministre Bülent Arınç a fait un parallèle entre la publication de Milliyet et le triple assassinat de Paris (cf. notre édition du 15 janvier 2013), avant de déclarer :

«Nous nous attendions à ce genre d’incidents, lorsque nous nous sommes engagés dans cette voie. Mais nous sommes arrivés à un point où nous ne pouvons faire demi-tour.»

Revenant par ailleurs, sur la terminologie employés par certains médias, qui ne cessent de qualifier Abdullah Öcalan de «tueur d’enfants», Bülent Arinç a fait observer :

«Dites qu’il est le tueur de 30 ou 40 000 personnes si cela vous chante, ou appelez-le autrement, il reste qu’il est un acteur important et central pour toutes ces masses qui l’aiment.»

Beşir Atalay, l’ex-ministre de l’Intérieur qui avait été en 2009 l’un des acteurs de «l’ouverture démocratique» en direction des Kurdes, s’est exprimé dans le même sens, en soulignant que le gouvernement n’hésitait pas à prendre «tous les risques» dans cette affaire. Quant à Recep Tayyip Erdoğan, revenant sur le sujet, lors d’un meeting de son parti à Balıkesir, le 3 mars, il a préféré s’en prendre à l’opposition et regretter qu’elle ne participe pas au processus de paix en cours. Le premier ministre a notamment rappelé que le CHP était venu le voir en juin dernier pour essayer de mettre au point une feuille de route afin de tenter de régler la question kurde, mais que cette initiative n’avait finalement pas été suivie d’effet. Il est vrai qu’alors même que le processus d’İmralı (lancé en décembre dernier par des contacts entre le gouvernement et Abdullah Öcalan), tend à gagner en crédibilité, le CHP apparaît de plus en plus comme le grand absent de l’affaire ; une rebuffade qui pourrait à nouveau coûter cher à la formation kémaliste.

Côté kurde, les responsables du BDP qui se trouvaient déjà en Irak du nord au moment de la publication de Milliyet, se sont employés à rassurer le gouvernement sur leur attachement au processus de paix, en qualifiant, eux-aussi, la fuite de l’entretien du 23 février de tentative de sabotage. Les membres de la délégation du BDP, qui ont apporté la lettre d’Abdullah Öcalan en Irak du nord auprès du commandement du PKK qui s’y trouve, auraient rencontré les principaux responsables de l’organisation rebelle, le 2 mars, en particulier Murat Karayılan, Sabri Ok et Durak Kalkan. À l’issue, de cette réunion, Gülten Kışanak (photo), la co-présidente du BDP a annoncé qu’une dizaine de militaires et fonctionnaires turcs, enlevés par le PKK, seraient prochainement libérés, soulignant que cela constituait un premier geste qui confirmait la crédibilité du processus de paix en cours. La dirigeante kurde a également expliqué que la délégation du BDP, dont elle a fait partie, a rencontré des représentants du KCK, lors d’une réunion présidée par Murat Karayılan. Elle a qualifié la rencontre de «fructueuse» et «d’historique» avant d’annoncer que leurs interlocuteurs avaient été sensibles au fait que les discussions avec l’Etat turc aient été conduites par Abdullah Öcalan lui-même. Ils devraient répondre dans les dix jours qui viennent à la lettre que ce dernier leur a fait parvenir par l’intermédiaire de la délégation du BDP.

Le leader du PKK avait apparemment remis trois lettres aux trois députés du BDP, lors de sa rencontre avec eux le 23 février sur l’île d’İmralı : la première pour la direction du BDP, la deuxième pour le commandement du PKK en Irak du nord, la troisième pour les dirigeants du PKK en Europe. Ces trois lettres ont désormais atteint leurs destinataires. On doit donc considérer qu’une nouvelle étape a été franchie ce week-end et que, si les fuites de la semaine passée ont encore souligné la précarité du processus engagé, elles ne l’ont pas profondément entamé. Comme le dit le rédacteur en chef du quotidien Taraf, Oral Çalışlar :

«Le processus est toujours là, en dépit de sa fragilité. Apparemment il y a toujours une compréhension mutuelle et un effort collectif pour parvenir à la paix».

Il reste que si l’on sait que la première étape du règlement devrait consister en un cessez-le-feu, en mars, et un retrait des unités du PKK du territoire turc d’ici le mois d’août, les conditions d’une issue définitive n’ont toujours pas été dévoilées. Or, c’est bien là l’enjeu ultime.

JM


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